MOTION PREMIER DEGRE

Les personnels du premier degré, Professeurs des Ecoles et Instituteurs, doivent être entendus et défendus !

Même si nous connaissons les mêmes difficultés que nos collègues du second degré et exprimons souvent dans plusieurs domaines des revendications très similaires, notre métier connaît aussi des spécificités et nous expose à des risques différents.

La motion ci-dessous est le fruit d’une vaste réflexion lancée par le SNCL-FAEN auprès des enseignants du premier degré et représente pour une très large part une vision différente de l’enseignement tel que nous le pratiquons, et un point de vue qu'on ne trouve pas chez les autres grosses organisations syndicales.


Le Congrès national du SNCL FAEN a donc mandate lé Bureau national et les responsables du Syndicat pour défendre les revendications suivantes.

 

Seconder les enseignants dans leurs missions

 

La complexité des tâches demandées aux enseignants, et l’augmentation démesurée de ces tâches leur font éprouver un sentiment de solitude. Il est urgent de rétablir au sein de l’école les emplois nécessaires pour leur permettre de se recentrer sur leur mission d’enseignement.

 

En effet :

  •  La très grande hétérogénéité de certaines classes ne permet plus au professeur de gérer en même temps son enseignement et la prise en charge des élèves au comportement difficile. Les classes multi-niveaux sont source de difficulté supplémentaire et doivent être reconnues comme telles.
  • La tendance actuelle à favoriser l’inclusion des élèves en situation de handicap rend parfois la tâche de l’enseignant quasiment impossible en l’absence d’AESH formés. Or il est de plus en plus courant que des élèves en situation de handicap soient envoyés dans les classes sans affectation d'AESH préalable, voire sans transmission d'un quelconque dossier médical ou scolaire...
  • La baisse des dotations aux établissements spécialisés (comme les EREA) doit être abandonnée. Les enseignants doivent pouvoir être accompagnés et aidés par d’autres adultes formés à s’occuper de ces enfants parfois violents contre les autres et contre eux-mêmes.
  • Afin de garder toute leur énergie pour s’occuper des élèves, les professeurs doivent pouvoir être déchargés de certaines activités dans la classe, notamment en matière d’administration, ce qui nécessite la création d’emplois de secrétariat partagés dans les réseaux d’écoles.
  • La suppression des emplois aidés a réduit le nombre d’adultes pour surveiller les récréations, encadrer les élèves dans les activités périscolaires. Il faut y remédier.
  • Le nombre de RASED et d’AESH doit être sensiblement augmenté pour correspondre aux besoins des enfants.

 

APPORTER PLUS DE MOYENS

 

La mise en place du dispositif Plus de Maîtres Que De Classes (PDMQDC) dans les écoles de l’éducation prioritaire a été une bonne mesure, malheureusement fortement réduite dans un but d’économie. Le dédoublement des classes de CP et CE1 dans des écoles est aussi une mesure qui doit être pérenne.

 

  • La baisse des effectifs dans les classes représente la mesure prioritaire que devrait prendre tout ministre de l’Education soucieux d’un meilleur apprentissage des élèves.
  • L’annonce de la scolarisation de tous les enfants dès 3 ans n'a guère été plus qu’un coup médiatique, car 98 % des enfants étaient déjà scolarisés à cet âge, et les 2 % restants se trouvent dans des secteurs où c’est principalement le défaut d’infrastructure qui empêche cette scolarisation (comme à Mayotte par exemple). Mais cela a mécaniquement augmenté le montant des indemnités compensatoires versées par les mairies aux écoles privées ! Cet argent devrait plutôt servir à faire ensorte que les classes soient moins chargées et que le nombre de personnels qualifiés (ATSEM) augmente.
  • Les moyens matériels mis à la disposition des enseignants dans leurs écoles ne sont pas toujours à la hauteur des besoins qui portent autant sur les locaux (pas toujours adaptés) que sur l’équipement (informatique notamment) pour améliorer leur enseignement. Les services de l’Éducation nationale doivent se porter garants d’une équité de moyens dans les écoles de la République. 
  • Chaque école, ou à tout le moins chaque bassin, doit pouvoir disposer a minima d’un psychologue, d’un médecin scolaire et d’un orthophoniste facilement disponibles en cas de nécessité.

 

ASSURER UNE MEILLEURE ORGANISATION

 


Le SNCL-FAEN défend l’organisation de la semaine scolaire sur 4 jours avec une coupure complète le mercredi, considérée par une majorité d’enseignants comme favorable. Toutefois, d’autres organisations plus souples, sur 4 jours et demi par exemple, doivent pouvoir se mettre en place uniquement là où elles sont souhaitées par la majorité des personnels impliqués.

Les activités périscolaires sont utiles aux élèves, en particulier les plus fragiles socialement et scolairement. Sur le terrain pourtant, les enseignants doivent faire face à des difficultés d’organisation : des concertations entre les collectivités et les enseignants doivent être instaurées systématiquement et permettre de travailler dans le sens de l’intérêt de l’élève.

Les 108 heures annuelles obligatoires dans le service enseignant doivent être repensées dans leur usage. Ainsi, les heures d’APC (Activités Pédagogiques Complémentaires), de formation continue ou de travail en équipes pédagogiques devraient être regroupées et leur usage librement laissé à l’initiative des enseignants et faire l’objet d’une autoévaluation finale.

Les évaluations en CP ne représentent qu’un outil parmi d’autres pour déceler les difficultés des élèves. Elles ne doivent en aucun cas être imposées, sans accord préalable de l’équipe enseignante.

L’unique objectif de ces évaluations devrait être la vérification du niveau scolaire de l’élève plutôt que la constitution de statistiques officielles ; de réels moyens de remédiation doivent être donnés à l’enseignant pour aider les élèves à progresser.

Des groupes à effectifs réduits doivent être constitués en fonction des besoins en remédiation et non plus en fonction du classement REP+.

Elles ne doivent pas être utilisées comme un moyen de surveiller, contrôler, contraindre et évaluer les enseignants.

  

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Les enseignants du premier degré, professeurs des Ecoles et Instituteurs, expriment de fortes craintes pour l’avenir de leur profession alors que les réformes s’empilent sans aucune concertation, gouvernement après gouvernement, provoquant la déstabilisation des enseignants et l’incompréhension des parents dans les classes.

Soutenus par le SNCL-FAEN, ils exigent du gouvernement et du Parlement de donner au service public d’éducation et à ses personnels les moyens d’exercer convenablement leur profession.

 

Cela passe avant tout par :

  1.  Une meilleure formation professionnelle

 Les enseignants du 1er degré expriment de forts besoins en formation et demandent :

  •  Une formation initiale plus complète, plus spécifique, plus complète, plus concrète et plus adaptée à leurs besoins. La prise en charge de ces formations par des professeurs reconnus par les enseignants eux-mêmes et intégrant une part importante d'auto-formation, ou formation entre pairs.
  • Une formation continue sur le temps scolaire, et non le soir ou pendant les congés.
  • Une formation obligatoire :

 -   sur la gestion de groupe,

 -   sur la gestion des relations aux familles,

 -  sur la psychologie de l’enfant et de l’adolescent, afin d’apprendre à accompagner un jeune individu vers son épanouissement personnel, et notamment à le rendre vigilant dans un monde de surconsommation de l’information…

 

  • Elle ne devra pas faire l’impasse sur les innovations pédagogiques diversifiées
    (e-learning, classe inversée…), sans en faire pour autant un remède miracle.

 

  1. Des conditions de travail améliorées

 Pour les personnels du 1er degré, professeurs des Ecoles et Instituteurs, l’exercice du métier au quotidien est de plus en plus difficile. Ils éprouvent souvent, en conséquence de leurs mauvaises conditions de travail, un sentiment d’abandon, de mal-être, d’impuissance, parce qu’ils se sentent incapables ou empêchés de mener à bien la mission qui leur a été confiée.

 Avec le SNCL-FAEN, ils exigent de pouvoir se consacrer essentiellement à leur mission d’enseignement ; pour cela, ils demandent :

  •  La réduction des lourdeurs administratives qui prennent une grande partie de leur temps au détriment de leur mission d’enseignement ;
  • La fin des trop nombreuses tâches annexes à l’enseignement imposées pour chaque projet (formulaires, statistiques…) et des temps de réunions raisonnables qui n’empiètent plus sur la vie personnelle ;
  • Le recentrage du temps de présence sur ce qui est pour eux l’essentiel : les relations avec les élèves et la transmission des connaissances ;
  • Un véritable statut administratif de Directeur d’école reconnu comme chef d’établissement avec un soutien en personnels et une augmentation des heures de décharge. La Loi Rilhac n'est qu'un maigre début. Cette fonction ne peut être confiée qu’à un professeur expérimenté, volontaire et formé ; 
  • Les jours consacrés à la clôture et à la préparation d’une année scolaire doivent être reconnus comme étant une période de travail.  

 

L’empilement à rythme forcé des réformes du premier degré, parfois contradictoires et mal expliquées. L’impossibilité pour les personnels de s’adapter aussi rapidement à des demandes de l’institution dont ils ne comprennent pas les objectifs pédagogiques dans l’intérêt de l’élève, les conduisent à demander :

 

  • Une évaluation précise et honnête de toute réforme précédente avant l’instauration d’une nouvelle évolution ;
  • Une démarche basée sur des considérations essentiellement pédagogiques et non idéologiques ou financières afin de donner à tous les élèves les moyens de réussir leur scolarité en fonction de leurs aptitudes ;
  • La prise en compte de l’expertise de l’enseignant en tant que pédagogue et une concertation avec leurs représentants avant toute prise de décision politique ;
  • Des programmes élaborés en concertation avec les enseignants chargés de les appliquer, tenant compte de leur expérience dans les classes.

 

  1. Plus de reconnaissance  du travail enseignant

 

Les personnels exerçant dans le premier degré sont, comme leurs collègues du second degré confrontés au fait que leur travail n’est pas reconnu, ils subissent une image dégradée et une autorité diminuée. Sans le soutien de leur hiérarchie, des parents  d’élèves, ils se sentent délaissés par la Nation tout entière et livrés à eux-mêmes pour faire face aux difficultés propres à leur métier.

 

Soutenus par le SNCL-FAEN, ils exigent :

 

  •  Le soutien indéfectible de leur hiérarchie chaque fois qu’ils sont mis en cause dans l’exercice de leur métier par des acteurs extérieurs à l’école (agressions physiques ou verbales, menaces, violence,...) ;
  • La confiance de leurs supérieurs hiérarchiques dans leur expertise professionnelle, l’arrêt de l’infantilisation, des injonctions contradictoires, des pressions de tous ordres ;
  • Une plus grande liberté pédagogique dans l’exercice de leur métier (libre choix des méthodes d’enseignement, des manuels,  documents de travail,…) ;
  • Une plus grande implication de l’institution pour faire cesser dans les écoles le stress considérable dû aux conflits avec les parents d’élèves (intrusions, violences diverses, mises en cause du contenu et de la qualité de l’enseignement,…) ;
  • Un meilleur suivi de l’absentéisme scolaire et une responsabilisation des parents,
  • Le respect de l’autorité du professeur et une véritable application de ses décisions.

 

Le métier d’enseignant du premier degré ne sera jamais complètement reconnu à sa juste valeur tant qu’il n’aura pas fait l’objet d’une véritable revalorisation salariale.

 Avec le SNCL-FAEN, les professeurs des Ecoles et Instituteurs demandent :

 

  • Une rémunération globale comparable à celle de leurs collègues du second degré qui ont un niveau de formation identique.
  • Une véritable amélioration de leurs traitements et primes afin de rattraper l’équivalent du pouvoir d’achat perdu depuis 2010.
  • Une réévaluation du calcul d'ancienneté pour les professeurs des écoles ex-instituteurs afin de rendre à ces derniers les années perdues dans le processus.
  • La prise en compte de la pénibilité du métier qui permettrait de pallier en partie le chevauchement entre vie professionnelle et vie privée, constitutive de notre profession ; une imbrication qui peut engendrer le sentiment de manquer de temps pour leur activité pédagogique ou de s’enfermer dans des logiques de stress ou de débordement.
  • Des mutations facilitées et d’une procédure plus transparente, encadrée par des Commissions Paritaires où les représentants syndicaux peuvent exercer un contrôle préalable du traitement des demandes.