NOUS VALONS PLUS QUE 10%

Au vu des dernières déclarations de Pap Ndiaye, notre perte de pouvoir d'achat ne semble pas près de s'arrêter...

Les professeurs, comme tous les autres fonctionnaires, ont perdu plus d’un tiers de leur pouvoir d’achat depuis 1983. Leur pouvoir d'achat continue de régresser. Ce n’est plus une baisse, c’est un véritable déclassement social, une humiliation financière.

Pendant 12 ans, la valeur du point d’indice a été gelée. L’augmentation de 3,5 % du point concédée en juillet 2022 ne compense même pas l’inflation actuelle. Les traitements des personnels de l’Éducation nationale sont en-dessous de la moyenne constatée dans les pays de l’OCDE depuis des années. Les traitements d’entrée dans les métiers administratifs, techniques, de santé sont d’une faiblesse indécente tandis que les personnels contractuels, enseignants et AESH qui pallient tous les manquements de l’Etat en termes d’encadrement des élèves sont renvoyés sous le seuil de pauvreté avec des grilles salariales plancher et des services incomplets à répétition.

C’est dans ce contexte que les annonces de revalorisation ont laissé espérer un possible coup d’arrêt enfin donné à notre paupérisation. En ce sens, les précisions de M. Pap Ndiaye étaient très attendues.

 

LA GRANDE DÉSILLUSION

La première grande désillusion s’est concrétisée la semaine dernière avec les déclarations de Pap Ndiaye auditionné par le Sénat dans le cadre de la loi de finance publique 2023. La revalorisation inconditionnelle promise ne se réalisera pas en 2022, mais débutera seulement en septembre 2023. Elle se concentrera uniquement sur les personnels n’ayant pas dépassé « la moitié de carrière », ce que le ministre semble entendre comme les vingt premières années, c’est-à-dire le plus souvent les agents situés en classe normale de leur corps. Les AESH, pour leur part, devront aussi attendre fin 2023. Autre fait inadmissible : les personnels relevant de l’enseignement supérieur pour leur paye (comme les ITRF) seront exclus du dispositif alors même que, côté université, ils sont actuellement exclus du dispositif RIPEC : c’est la double peine !

Quant aux personnels administratifs, techniques, d’encadrement de santé, le détail peine à venir et l’on sait pourquoi : avez seulement 140 millions d’euros prévus à leur égard, il n’y aura pas de revalorisation digne de ce nom pour tout le monde.

A cela s’ajoute encore un autre tour de passe-passe : le ministère a en effet entériné le fait que l’augmentation du point d’indice de juillet 2022 et les augmentations du précédent quinquennat seraient incluses dans le calcul des 10 % ! Ce n’est donc que 6,5% supplémentaires qui seront concédés, moins un ensemble de mesures antérieures ; et là le ministre est redevenu flou. Car à ce compte bien des choses pourraient être déduites : prime informatique, mesurettes Blanquer, transfert primes-points ? et pourquoi pas la fin d’application du dispositif PPCR ? de quoi bientôt atteindre un solde négatif !

 

PROFESSEURS HORS-CLASSE ET CLASSE EXCEPTIONNELLE ? 

Pour ce qui concerne les professeurs avec plus de vingt ans de carrière, le ministre s’est cantonné à promettre une augmentation du nombre de promotions à la hors-classe et la classe exceptionnelle, sans indiquer dans quelles proportions. Or actuellement, le nombre de professeurs et CPE pouvant être à la classe exceptionnelle est plafonné à 10% des effectifs du corps auquel ils appartiennent. Le nombre de prodesseurs et CPE pouvant être à l'échelon spécial de la classe exceptionnelle est plafonné à 2% de l'effectif de la classe exceptionnelle du corps auquel ils appartiennent. Quand bien même cette augmentation du taux de promotion se révèlerait conséquente, elle n’apporterait rien aux collègues qui sont déjà à la classe exceptionnelle. Les syndicats SNCL, SIES et SAGES craignent donc que cette approche pénalise une fois de plus les milieux et fins de carrière, comme avec eux les personnels agrégés qui, sous prétexte qu’ils percevraient déjà - du point de vue du ministère - une rémunération « suffisante » ont été systématiquement évincés des revalorisations… Nos syndicats rappellent que tous les fonctionnaires ont droit à une véritable évolution de carrière, ce qui suppose un gain salarial continu et échelonné du début à la fin de leur parcours professionnel. 

 

Tout ceci n’est donc qu’un renoncement de plus venant s’ajouter à la longue liste des désaveux subis par les professeurs et les autres agents de l'Éducation nationale de la part du ministère, avec la bénédiction de certains syndicats complices qui osent se féliciter de ces « avancées ». Jusqu’à quand cette comédie durera-t-elle ?

 

Les syndicats SNCL, SIES et SAGES s’unissent pour revendiquer ce que les personnels de l’Éducation nationale méritent vraiment : découvrez la vision de l’école que nous défendons dans le cadre des élections professionnelles de décembre 2022.

 

 

https://www.sncl.fr/1/elections_professionnelles_2022_notre_vision_notre_combat_3283621.html