SYNTHESE retraites : état au 7 janvier 2020

Une présentation synthétique des points positifs et négatifs du projet de loi, tel qu'il est connu au 7 janvier 2020. Une version plus complète et actualisée sera disponible dans notre prochain Bulletin national.

Pour le SNCL, le projet actuel reste objectivement un mauvais projet de réforme pour les raisons suivantes :   - Un mode de calcul immédiatement défavorable aux enseignants, qui paieront désormais plus de charges sociales sur leurs primes (déjà peu nombreuses) et leurs heures supplémentaires, et ce dès 2022. - Une baisse drastique des montants des pensions pour les futurs retraités enseignants, à travail égal, allant de 500 à 1000 euros bruts en moins par mois. - Une prise en compte générale de la carrière qui va inévitablement faire baisser le salaire moyen constaté en incluant les années d’accidents de parcours, de chômage, de travail partiel, de temps aménagé. - Une absence totale d’information sur le mode de calcul des pensions pour les agents à cheval sur l’ancien et le nouveau système. Ces “précisions” seront fixées dans des décrets après la loi : inacceptable ! - Une baisse du plafond de cotisation pour les hauts revenus (qui ne cotiseront plus au-delà de 10 000 euros de salaire bruts mensuels) qui va appauvrir le fond universel et rendre le nouveau système d’ores et déjà déficitaire, avant même d’exister !   Le projet contient également d’autres éléments négatifs, malgré les efforts déployés en communication par le gouvernement pour leur donner l’apparence de progrès :   - La retraite minimale de 1000 euros promise ne sera versée qu’à ceux ayant réalisé une carrière complète et au SMIC, et non pas à tous comme on le laisse croire. Dans les faits, cette mesure n’avantagera quasiment personne et seulement de quelques euros mensuels. Elle ne résoudra absolument pas le problème de la grande pauvreté des séniors isolés, ou des agriculteurs. - La réforme des pensions de reversion, dans sa nouvelle mouture, exclut les veufs et veuves divorcés, qui n’obtiendront plus rien au décès de leur ex-conjoint (là où un prorata était calculé par année jusqu’alors). - L’extension du compte pénibilité à la fonction publique ne concernera que les métiers marquant une espérance de vie inférieure à la moyenne nationale, ce qui exclut de fait les agents de l’Education nationale. Les primes de pénibilité se cantonneront aux critères stricts (travail de nuit, grand froid, cadence contrainte...) qui là encore ne répondront pas aux problèmes de pénibilité spécifiques aux agents de l’éducation nationale.   Enfin, parce que le SNCL se doit d’être objectif dans son analyse, nous tenons à souligner les points positifs du projet, aussi peu nombreux soient-ils :   - L’indexation des pensions futures sur le salaire moyen prévue par la réforme est un mode de calcul qui, depuis 1996, ce serait toujours révélé plus favorable que le mode de calcul actuel. Le SNCL l’approuve. - La participation des hauts revenus à la solidarité nationale avec le maintien d’un taux à 2,81% au-delà du plafond de cotisation est un premier pas encourageant et juste, même si 3 ou 3,5% aurait permis d’assurer davantage de pérennité financière au futur système. - La possibilité  nouvelle de surcotiser pour sa propre retraite donnée aux pensionnés qui cumuleront leur pension avec une activité salariée est un bon point. Certes, on peut s’indigner que, dans un pays aussi riche que la France, des retraités soient contraints de travailler pour s’en sortir. Néanmoins, cette mesure va concrètement améliorer les perspectives financières des personnes concernées qui, hélas, si un tel projet de réforme venait à passer, seront de plus en plus nombreuses dans les décennies à venir.   Et qu’en est-il des compensations évoquées par M. Blanquer pour les enseignants ?   A l’heure actuelle, la seule chose qui est certaine, c’est qu’il ne s’agira majoritairement pas de compensations mais plutôt d’activités supplémentaires rémunérées, ce qui est très différent ! L’objectif assumé est de faire travailler plus les enseignants, afin qu’ils gagnent plus, et donc cotisent plus, jusqu’à obtenir une pension équivalente à celle que leur garantissait l’ancien système. Pour nous tous, c’est donc la double peine ! Impossible, dans ce contexte, de signer le moindre chèque en blanc auprès d’un ministre qui en outre n’a aucune parole et n’a pas hésité à trafiquer les résultats du baccalauréat l’été dernier pour enjoliver sa communication ministérielle.