Home » NOS DOSSIERS » Combien de temps encore utiliserons-nous notre matériel personnel ?

Combien de temps encore utiliserons-nous notre matériel personnel ?

Combien de temps encore utiliserons-nous notre matériel personnel ? - SNCL

Ni le ministère ni la DGRH n'ont jamais voulu entendre les demandes des représentants syndicaux concernant l'usage du matériel personnel des enseignants... C'est pourtant à la fois un comble et une injustice.

Un corps pléthorique n'excuse pas tout

 

Bien sûr, nous sommes près d'un million. C'est la première raison pour laquelle les demandes du SNCL comme des autres syndicats au sujet d'une prise en considération de l'usage du matériel personnel dans le cadre du travail des enseignants ont toujours connu une fin de non recevoir. La dotation en matériel informatique, son suivi, son entretien, son remplacement, et surtout la formation des enseignants à son utilisation pourraient coûter entre 200 et 300 millions d'euros par an. C'est pourtant une demande particulièrement légitime, non seulement parce qu'à l'heure du rapprochement public / privé, une injustice flagrante demeure sur les fonctionnaires contraints d'utiliser à leurs frais leur matériel personnel pour travailler mais aussi parce que les politiques de développement du numérique à l'école ne sauraient avoir de réel sens si les enseignants sont exclus de la montée en charge de l'équipement et de la modernisation en cours dans nos établissements.

 

Quand le COVID-19 révèle la misère de la situation

 

C'est sans doute un effet colatéral de la crise sanitaire actuelle que l'on n'attendait pas : mais l'organisation précipitée d'un lien scolaire à distance entre les enseignants et des millions d'élèves confinés chez eux a révélé aux yeux de tous l'impréparation de l'Education nationale face à ce défi. Il n'y a guère plus que le ministre lui-même pour faire semblant d'y croire car sur le terrain les enseignants en bavent au quotidien. Ils doivent sur-solliciter leurs ordinateurs personnels (tout en devant parfois les partager avec leur conjoint et/ou leurs propres enfants confinés avec eux), leurs imprimantes et même leurs propres téléphones portables quand on les enjoint d'appeler quasi quotidiennement les familles de leurs élèves. Même si cela pourrait passer pour des comptes d'apothicaire, la réalité du coût de cette situation est tout autre. Coût matériel bien sûr (électricité, consommables comme papier et encre, usure du matériel informatique, consommation de crédits ou de forfait mobile et internet), coût humain aussi (temps, stress, autoformation précipitée, installation à la hâte de logiciels privés parfois peu soucieux du RGPD, comme le démontre notre récent article que vous pouvez lire aussi ici).

Au-delà de la déclaration d'impôts aux frais réels, rien ne permet à ce jour aux enseignants de retrouver l'argent qu'ils perdent de cette façon en essayant simplement de répondre aux exigences gouvernementales. Certes, la situation dramatique de notre pays et la souffrance des malades touchés par le virus fait parfois observer de loin des contingences aussi matérielles. Pourtant, demain, à la sortie de la crise, nous savons bien que c'est essentiellement en termes financiers que se posera la question de l'après pour un gouvernement qui sera bien davantage en recherches d'économies que de moyens de compenser ce qui aura été perdu par ses agents si volontaires et impliqués avec force dans le télétravail.

Très probablement aussi, on aura à coeur d'oublier vite les lacunes ainsi révélées, pour ne pas avoir à déployer enfin un plan d'ampleur à la hauteur des enjeux du 21e siècle en matière de numérique à l'école...

Pour aller plus loin : retrouver nos revendications en matière d'équipement des enseignants, ainsi que toute nos résolutions pédagogiques de congrès ici et notamment :

 

  • la création de locaux adaptés et fonctionnels avec le développement de points TICE, de salles d'études, de lecture ou multimédia surveillées, de salles de travaux pratiques équipées en informatique,

 

 

  • la saisie des notes par les professeurs facilitée par l'utilisation généralisée d'un seul et même logiciel et à partir de n'importe quel poste informatique en liaison Internet,  avec notamment  l’adoption par l’éducation nationale d’un ENT (espace numérique de travail) , commun à tous les établissements de la même académie,

 

  • le recrutement et l’affectation de personnels titulaires spécialisés pour assurer la maintenance et le fonctionnement des réseaux informatiques, devenus indispensables

 

  • une quotité horaire permettant d’assurer une gestion informatique adaptée aux besoins de l’établissement pour assurer l’installation, la maintenance et le suivi, et la mise aux normes de sécurité des matériels utilisés.